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Autonomie énergétique

Vers l’autonomie énergétique des territoires : transformer un idéal en réalité ?

Valorisation foncière

Vers l’autonomie énergétique des territoires : transformer un idéal en réalité ?

Du 28 au 30 septembre 2022 se dérouleront les 12èmes rencontres nationales des Territoires à Énergie Positive (TEPOS). Ce réseau pionnier a été créé en 2011 par le CLER. Il regroupe les acteurs engagés dans la transition énergétique. En 2015, nombre de ces territoires sont entrés dans le dispositif gouvernemental des Territoires à Énergie Positive pour la Croissance Verte (TEPCV), lancé dans le cadre de la loi de transition énergétique pour la croissance verte.

Le point commun de ces territoires ? Leur volonté de tendre vers l’autonomie énergétique. Ils visent, à terme, à produire localement la totalité de l’énergie nécessaire pour couvrir leurs besoins en électricité et chaleur.

Le 100 % autonomie énergétique est-il un objectif atteignable ? Quels sont les leviers pour y parvenir ? Quels sont les freins à lever ? Comment les acteurs publics peuvent-ils accélérer la transition vers une relocalisation de la production d’énergie au plus proche de la consommation ?

Les trois leviers de l’autonomie énergétique

Viser l’autonomie énergétique nécessite d’agir à deux niveaux complémentaires : réduire les besoins à la source et développer la production. Pour y parvenir, les territoires ont trois leviers à leur disposition, suivant les principes de la démarche négaWatt : encourager la sobriété, agir pour l’efficacité énergétique, développer les énergies renouvelables.

Réduire les besoins énergétiques du territoire

Réduire les consommations énergétiques à la source implique tous les acteurs du territoire, collectivités, entreprises, professionnels et habitants.

  • Encourager la sobriété énergétique : la sobriété énergétique repose sur l’adoption de nouveaux comportements et de gestes quotidiens simples. C’est par exemple choisir des appareils moins énergivores, éteindre les lumières et les appareils en veille, limiter le chauffage, fermer les radiateurs quand on aère, etc. C’est aussi supprimer les enseignes lumineuses ou réduire – voire éteindre – l’éclairage public.
  • Agir pour une meilleure efficacité énergétique : l’efficacité énergétique consiste, grâce à des solutions techniques performantes, à minimiser les consommations énergétiques. Entrent dans cette catégorie toutes les actions de rénovation énergétique des bâtiments, la construction de bâtiments neufs à énergie positive (BEPOS) dans le respect de la Réglementation Environnementale 2020 (RE 2020), mais aussi la modernisation de l’éclairage public.

Développer les énergies renouvelables au plus proche des consommateurs

Les énergies renouvelables permettent une production d’énergie au plus proche des consommateurs. Soleil, chaleur de la terre, eau, vent, matières organiques d’origine animale ou végétale offrent des ressources locales à exploiter pour produire de l’énergie verte.

Aux côtés de la géothermie, de l’hydroélectricité, de l’éolien et de la biomasse, le photovoltaïque cumule les avantages. L’énergie solaire est une énergie locale et illimitée, mais surtout disponible dans toutes les régions et accessible financièrement grâce aux aides financières de l’État. Petites installations individuelles en toiture, centrales photovoltaïques au sol, hangars photovoltaïques, tout est imaginable pour développer une filière de production locale performante en autoconsommation individuelle et collective.

Les défis de l’autonomie énergétique

Sur le papier, les principes de l’autonomie énergétique sont simples. Dans la réalité, l’autonomie énergétique constitue un véritable changement de paradigme, avec des contraintes à lever.

L’inégalité des ressources énergétiques locales

Tous les territoires ne disposent pas des mêmes atouts. Certaines régions disposent de ressources naturelles locales abondantes, d’autres moins. Le vent et l’eau ne sont pas disponibles partout en quantité suffisante. Le bois énergie exige une gestion raisonnée et des filières locales structurées pour rester une ressource potentiellement illimitée. La géothermie occasionne des installations parfois coûteuses. Le déploiement de ces filières nécessite du temps et des investissements, dans le cadre de montages juridiques complexes.

Seul le photovoltaïque offre une solution accessible à court terme et dans toute la France. Mais, malgré la performance des panneaux solaires, le mix des énergies renouvelables est indispensable pour atteindre un territoire 100 % autonome.

L’optimisation de l’offre et de la demande énergétiques

L’autre difficulté résulte du manque de synchronisation entre la production d’énergie et la consommation. Le photovoltaïque produit en journée alors que les pics de consommation résidentielle sont observés en soirée. Une chaufferie bois reliée à une école sera au « chômage technique » pendant les vacances scolaires.

L’autonomie énergétique, c’est aussi imaginer des solutions nouvelles pour stocker l’électricité produite, la redistribuer au bon moment et créer des boucles énergétiques locales optimisées. L’ADEME souligne dans une étude de 2021 sur l’autonomie énergétique des zones non interconnectés (ZNI – DOM-TOM et Corse) la nécessité d’une adaptation rapide des équipements de régulation du réseau. Les smart grids ou réseaux électriques intelligents offrent des perspectives prometteuses.

La force du collectif pour atteindre l’autonomie énergétique

Viser l’autonomie énergétique est un défi environnemental, mais aussi économique, social et démocratique. L’autonomie énergétique bouleverse le système traditionnel centralisé de production et de distribution d’électricité. Elle favorise le développement de nouveaux flux énergétiques et de nouvelles filières économiques et environnementales. Les projets de production d’énergies renouvelables peuvent créer de la résistance. Dans ce contexte, gouvernance locale et dynamique collective sont deux ingrédients essentiels pour réussir.

Le rôle central des collectivités

Les collectivités sont en première ligne dans les projets visant à l’autonomie énergétique des territoires. À l’échelle d’un territoire, ce sont elles qui ont les cartes en main pour soutenir, voire accélérer la transition énergétique. À travers les documents d’aménagement et d’urbanisme, intercommunalités et communes ont les capacités de :

  • Organiser le territoire de façon à favoriser l’autonomie énergétique : lors de la création ou la modification de zones d’aménagement, les collectivités peuvent veiller à rapprocher production d’énergie et consommation. Elles peuvent prévoir le regroupement d’activités aux besoins énergétiques complémentaires afin de rentabiliser les systèmes de production d’énergie locale, favoriser l’autoconsommation collective et réduire les besoins de stockage.
  • Adopter des règles d’urbanisme favorables aux initiatives de production d’énergie renouvelable, et notamment aux installations photovoltaïques, tout en garantissant le respect de la biodiversité, de l’environnement et des paysages.

Les collectivités peuvent aussi encourager la dynamique locale vers l’autonomie énergétique et :

  • Porter des projets publics, ambitieux et exemplaires.
  • Animer le collectif autour de projets incluant l’ensemble des acteurs publics et privés, professionnels et citoyens, favorisant ainsi la démocratie locale et l’acceptation sociale.

Un nouvel outil pour l’autonomie énergétique collective : les communautés d’énergie renouvelable

Depuis peu, la France dispose d’un nouvel outil local pour aider au développement de l’autonomie énergétique des territoires : la « communauté d’énergie renouvelable ».

C’est la loi Énergie Climat du 8 novembre 2019 qui a introduit cette notion européenne dans le droit français. Mais c’est l’ordonnance du 3 mars 2021 qui a donné le cadre juridique en transposant la directive du 11 décembre 2018 relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables.

En pratique, la législation autorise aujourd’hui habitants, collectivités et acteurs économiques locaux à produire, consommer, stocker, revendre ou partager leur propre production d’énergie renouvelable. Cela prend la forme d’une entité juridique autonome, composée de personnes volontaires, physiques et morales, publiques et privées.

Cette solution favorise la coopération locale, aide à l’acceptation sociale et ajoute une forte dose de démocratie dans le choix des systèmes énergétiques locaux. Elle soutient l’émergence de microréseaux d’énergie privés autonomes, fondés sur le principe de l’autoconsommation collective.

Alors l’autonomie énergétique est-il un idéal atteignable ? Il est difficile aujourd’hui de l’affirmer ou de l’infirmer tant les initiatives sont récentes. De nombreux territoires se sont aujourd’hui emparés de cet objectif. Les démarches engagées ont le mérite d’accélérer la transition énergétique des territoires, en favorisant la réduction des consommations et le développement des énergies renouvelables. Les collectivités ont un rôle essentiel à jouer pour mettre en place les conditions favorables à l’optimisation des réseaux énergétiques locaux et encourager l’implication indispensable de tous les acteurs.

Sources :

https://www.apexenergies.fr/autoconsommation/autonomie-energetique-des-territoires-quels-enjeux/

http://www.arnaudgossement.com/archive/2021/03/04/energie-communautes-d-energie-publication-du-cadre-juridiqu-6301498.html

https://www.banquedesterritoires.fr/territoires-doutre-mer-lautonomie-energetique-possible-apres-2035-selon-lademe#:~:text=L%27Ademe%20vient%20de%20publier,à%202050%20pour%20la%20Corse.

https://www.actu-environnement.com/ae/news/autonomie-energetique-milieu-urbain-embuches-38937.php4